
Tisanes & grossesse : le guide ultime des infusions sûres et à proscrire (sources Santé Canada)
Introduction : le plaisir et la prudence
Entre les nausées, l'anxiété et le simple besoin de réconfort, il est tout à fait normal de se tourner vers la douceur d'une tasse chaude. Le monde des tisanes, avec ses promesses de bien-être, est naturellement très attrayant durant la grossesse.
En tant que future maman, le choix alimentaire gagne d’être réfléchi. Contrairement aux mythes, il est primordial de comprendre que le terme « naturel » n'équivaut pas à « inoffensif » ou "sécuritaire" durant la grossesse. Est-ce que je peux boire de la tisane lorsque je suis enceinte? Cet article a pour mission de vous accompagner en vous offrant un guide détaillé, ancré dans les données probantes et les lignes directrices canadiennes, pour naviguer en sécurité dans l'univers des infusions.
Avertissement critique
Ce guide est fourni à titre informatif et s'appuie sur des données de santé publique et de recherche. Il ne remplace jamais une consultation auprès de votre médecin, sage-femme ou pharmacien. En cas de doute, la prudence est de mise, et l'avis d'un professionnel de la santé est la seule source fiable pour votre situation personnelle.

Les bienfaits des tisanes sûres : hydratation et soulagement en grossesse
Les infusions peuvent agir comme des outils de bien-être, à condition d'être choisies et consommées avec discernement et modération (généralement 2 à 3 tasses par jour maximum).
Hydratation et apports en minéraux : l'eau est la priorité
L'hydratation est un besoin fondamental pour soutenir l'augmentation du volume sanguin et prévenir la constipation. L'eau est la boisson de choix, mais les tisanes non sucrées y contribuent en ajoutant des saveurs naturellement.
Recommandations sécuritaires selon Santé Canada :
- Gingembre (Zingiber officinale) : L'une des plantes les plus étudiées contre les nausées matinales. Son efficacité est confirmée, à condition de respecter un dosage maximal sécuritaire (souvent jusqu'à 1 gramme par jour).
- Cynorrhodon (églantier) : Reconnue comme une source significative de vitamine C, un antioxydant important.
- Zeste/pelure d'agrume ou d’orange: Utilisé pour aromatiser l'eau ou les infusions, ils ne présentent aucun risque.
Recommandations selon d’autres sources gouvernementales :
- Mélisse-citronnelle, plante aromatique délicieusement citronnée.
- Fleurs de tilleul (déconseillé pour les personnes ayant des problèmes cardiaques préexistants)
Règle de base :
Les fruits et baies de consommation courante (pomme, framboise, bleuet, etc.) sont considérés comme sûrs lorsqu'ils sont séchés et infusés. Le principe est le suivant : si vous pouvez le manger cru à l'épicerie, vous pouvez généralement l'infuser également. Le processus de séchage retire l'eau, mais ne crée pas de composés actifs ou toxiques.

Tisanes dangereuses : la liste officielle des plantes à proscrire
Le risque d'effets utérotoniques, toxiques ou tératogènes rend certaines plantes dangereuses.
Suggestion des principales plantes à éviter de l'ASPC
L'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) et d'autres organismes similaires catégorisent comme « n’étant pas sûres » la consommation des plantes suivantes :
Camomille (Matricaria chamomilla), grande ortie (Urtica dioica), tussilage (pas-d'âne), aloès, thé du Labrador, menthe pouliot, baies de genévrier, écorce de nerprun, grande consoude, sassafras, racine de patience, lobélie, et séné.
Ils recommandent de les éviter spécifiquement, même en l'absence d'un usage médicinal concentré.
Plantes aux risques utérins spécifiques (spasmodiques et/ou abortifs)
D'autres plantes sont à proscrire en raison de leur action directe sur l'utérus :
- Le Pimbina (Viburnum opulus ou V. trilobum) est contre-indiqué. Son action antispasmodique, bien que recherchée en cas de crampes, pose un risque sérieux de déclenchement de contractions prématurées.
- La Sauge (Salvia officinalis) et l'Armoise (Artemisia vulgaris) doivent être évitées, car elles contiennent de la thuyone, un composé neurotoxique et abortif.
- L'Achillée millefeuille (Achillea millefolium) est contre-indiquée en raison de ses propriétés utérotoniques qui pourraient être liées à des risques de saignements ou de fausse couche en début de grossesse.
- La consommation d'infusions très concentrées de Persil (en grande quantité) est également à proscrire pour son potentiel à stimuler les contractions.
Risques toxiques, hémorragiques et interactions médicamenteuses
Enfin, plusieurs plantes présentent des risques de toxicité, d'interactions médicamenteuses ou de saignements (non lié directement aux contractions):
- Thé du Labrador (Rhododendron groenlandicum) à proscrire, en l'absence de données toxicologiques complètes sur la grossesse, le principe de précaution est de rigueur.
- Thuya (Thuja occidentalis) doit être évités car contient de la thuyone, abortive.
- Le Millepertuis (Hypericum perforatum) est à proscrire en raison du risque élevé d'interactions avec les médicaments (annulant potentiellement des traitements vitaux).
- Le Thé des bois (Gaultheria procumbens) est déconseillé, car il contient du salicylate de méthyle (l'équivalent de l'aspirine), ce qui pose un risque hémorragique en fin de grossesse.
Cette liste n'étant pas exhaustive, l'avis d'un professionnel est fortement recommandé. Chez Floèm, tous nos mélanges de tisanes contiennent du thé du Labrador, plusieurs plantes de la forêt ou ingrédients sont aussi considérés comme dans la catégorie des plantes médicinales. Nous mentionnons sur nos emballages « non recommandé aux femmes enceintes ou allaitante » pour suivre ce principe de précaution.

Plantes à utiliser avec prudence ou réservées à l'allaitement
Prudence : manque de données et risques secondaires
Cette catégorie regroupe les plantes qui ne sont pas formellement proscrites par les organismes de santé publique, mais pour lesquelles l'absence de données d'innocuité robustes justifie une consommation modérée ou un report à la période post-partum.
- Fenugrec (Trigonella foenum graecum) : À éviter pendant la grossesse (effet utérotonique possible). Il est très couramment utilisé après l'accouchement à la période post-partum où il est souvent utilisé comme galactogène (pour stimuler la lactation).
- Trèfle rouge (Trifolium pratense) : À éviter en raison de son impact hormonal potentiel, surtout utilisé pour ses propriétés hormonales après la ménopause. Il est riche en phytoestrogènes (isoflavones) qui peuvent interférer avec les niveaux d'hormones de la grossesse.
- Le ginkgo biloba et l'angélique chinoise (dong quai) : À éviter en raison du risque potentiel d'augmenter le temps de saignement et pourraient interférer avec la coagulation, surtout en fin de grossesse.
- Actée à grappes noires (ou cimicaire à grappes - Cimicifuga racemosa) : Déconseillée en raison de son potentiel effet hormonal et utérotonique. Elle est principalement utilisée pour les symptômes de la ménopause, et non recommandée durant la grossesse.
De nombreuses plantes sont également déconseillés par les herboristeries et les pharmaciens. L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) rappelle l'importance de consulter un professionnel avant de prendre un produit de santé naturel, car l'innocuité de plusieurs n'est pas établie durant la grossesse.
Astuce : vérifiez toujours les ingrédients des mélanges
L'une des plus grandes sources d'erreurs en matière de tisanes est la consommation de mélanges préemballés. Même si le nom semble inoffensif (ex. : "Infusion détente"), une plante contre-indiquée (comme la camomille, le thuya ou l'ortie) pourrait y figurer comme ingrédient, autant pour les poches de thé que pour le vrac.
Le bon réflexe : Si vous n'infusez pas une seule plante (gingembre pur, par exemple), prenez l'habitude de lire attentivement la liste des ingrédients de tout mélange de tisane ou de thé. Si vous y trouvez une plante figurant sur notre liste des contre-indications, vous avez l'information nécessaire pour décider si ce produit correspond au niveau de prudence que vous souhaitez maintenir durant votre grossesse.

Usage traditionnel et absence de composés toxiques connus
Cette section présente des plantes généralement utilisées en herboristerie pour le bien-être et qui, malgré l'absence d'études cliniques robustes spécifiques à la grossesse, ne contiennent pas de composés toxiques ou utérotoniques connus. Elles sont souvent tolérées, mais doivent être consommées avec modération et sous l'approbation de votre professionnel de la santé.
- Rooibos (Aspalathus linearis) : C'est la référence pour une boisson chaude de substitution. Il est largement consommé car il est sans caféine et sans propriétés utérotoniques.
- Verveine (Aloysia citrodora) : Reconnue traditionnellement pour son effet apaisant et aider le sommeil.
- Mauve (Malva sylvestris) : Utilisée pour apaiser le système digestif et contre la constipation légère.
- Lavande (Lavandula intermedia) et aubépine (Crataegus spp.) : Ces plantes sont traditionnellement employées pour leurs effets calmants. En infusion légère, elles ne sont généralement pas associées aux risques de saignements ou de contractions.
- Menthe poivrée (Mentha x piperita) : Avec parcimonie, traditionnellement reconnue pour aider les nausées, mais peut aggraver le reflux gastrique fréquent en fin de grossesse (un effet secondaire).
Assurance qualité : l'importance de la source et des tests
Qualité des plantes : au-delà du naturel
Même les plantes considérées comme sûres ne sont pas à l'abri des contaminants. La qualité des plantes est un critère essentiel : elles peuvent être contaminées par des pesticides, des métaux lourds ou d'autres polluants environnementaux.
Durant la grossesse, la prudence est d'or. Il est donc fortement recommandé de :
- Privilégier les plantes certifiées biologiques, ou récoltés en milieux sauvages pour minimiser l'exposition aux pesticides.
- Se fournir auprès de sources fiables (herboristeries reconnues ou entreprises spécialisées) qui peuvent garantir la traçabilité de leurs lots.
- Idéalement, choisir des fournisseurs qui effectuent régulièrement des tests approfondis sur leurs lots pour vérifier l'absence de contaminants ou de métaux lourds.
Cette démarche proactive vous assure que les bienfaits recherchés ne sont pas annulés par des risques liés à la culture ou à la récolte.
Microbiologie: pourquoi privilégier l'infusion chaude?
L'eau très chaude sert de méthode de pasteurisation maison pour les feuilles, les fleurs et les fruits séchés. Les plantes brutes contiennent des bactéries superficielles, les taux doivent suivre les normes de l'industrie et provinciales.
Lorsque vous préparez votre tisane, privilégiez toujours une infusion à l'eau frémissante ou bouillante (entre 75°C et 95°C, varie selon le temps d’infusion). Cette étape n'est pas seulement essentielle pour extraire les principes actifs et les saveurs des plantes, c'est aussi une mesure de salubrité afin de réduire la quantité de possible bactéries présentes, levures ou taux de moisissures (invisibles).
L'infusion à froid ou à température ambiante (appelée macération) n'atteint pas la température nécessaire pour tuer ces pathogènes potentiels, un risque à éviter durant la grossesse. Si vous désirez consommer une infusion froide de façon sûre, simplement préparer votre infusion en suivant les indications avec l’eau chaude, puis refroidir au réfrigérateur.

FAQ : questions courantes sur la tisane et le thé durant la grossesse
Voici les réponses détaillées à quelques-unes des questions les plus fréquentes posées par les femmes enceintes au sujet des tisanes.
Puis-je boire de la tisane de feuilles de framboisier?
La tisane de feuilles de framboisier (Rubus strigosus) est célèbre pour ses propriétés dites utérotoniques. L'efficacité de cette tisane pour réduire la durée du travail est un sujet débattu. Bien que les preuves scientifiques (essais cliniques) soient limitées, insuffisantes ou non concluantes pour affirmer qu'elle accélère l'accouchement, de nombreux professionnels de la santé (sage-femmes et médecins) l'autorisent.
Ils se basent sur l'usage traditionnel et des études qui suggèrent qu'elle pourrait aider à tonifier les muscles utérins et potentiellement réduire le besoin d'interventions lors de l'accouchement. Elle est toujours réservée, avec l'accord de votre professionnel de la santé, à une consommation modérée exclusivement au troisième trimestre.
Est-ce que je peux ajouter du miel ou du citron à ma tisane pendant la grossesse ?
Le miel est généralement considéré comme sûr durant la grossesse s’il est pasteurisé. Le citron est également sûr étant un agrume.
Puis-je boire du thé vert, du thé noir, du thé oolong ou matcha pendant la grossesse ?
Oui, mais l'enjeu principal est la teneur en caféine (théine) dans le thé, contrairement aux tisanes. Recommandation de Santé Canada :
L'apport maximal quotidien de caféine pour une femme enceinte ne devrait pas dépasser 300 mg par jour. Cela équivaut approximativement à une à deux tasses de café ou deux à trois tasses de thé. Le matcha est généralement plus concentré en caféine que le thé "standard", due à sa méthode de culture et son état en poudre.

Quelles tisanes sont sûres pendant la grossesse ?
Les tisanes généralement jugées sûres (consommées avec modération et après avis médical) incluent : le gingembre (contre les nausées), le cynorrhodon (vitamine C) et les pelures d’agrumes (idéalement biologiques).
Quelles tisanes sont à éviter pendant la grossesse ?
Les tisanes à proscrire absolument incluent : camomille, grande ortie, tussilage, baies de genévrier, écorce de nerprun, grande consoude, sassafras, racine de patience, lobélie, le séné, la menthe pouliot, la sauge, le thé du Labrador, le thuya, l’achillée millefeuille, pour n’en nommer que quelques-uns.
Puis-je boire du kombucha pendant la grossesse?
L'ASPC recommande d'éviter le kombucha en raison du risque d'alcool résiduel, de la teneur en caféine et du risque de contamination bactérienne avec les produits non pasteurisés.
Les huiles essentielles sont-elles sûres pendant la grossesse ?
Les huiles essentielles doivent être utilisées avec une extrême prudence et toujours sous supervision médicale. Plusieurs sont formellement contre-indiquées.
Quelles alternatives sûres et agréables pour les futures mamans?
Au-delà du thé et des tisanes, si vous n'êtes pas certaine de vouloir en consommer, vous pouvez instaurer des rituels de détente. Envisagez par exemple une infusion pour le bain relaxante. Vous pouvez aussi créer un environnement apaisant à la maison en utilisant des matières naturelles et des objets qui évoquent la nature, ou encore une ambiance chaleureuse avec une bougie nordique.

Conclusion : un parcours de bien-être en toute sécurité
Nous arrivons au terme de ce guide sur les tisanes et la grossesse. Notre objectif n'était pas de vous imposer une liste d'interdits, mais de vous donner les cartes en main pour choisir en toute conscience.
La grossesse est un marathon émotionnel et physique ; l'idée n'est pas de tout faire "parfaitement", mais de faire des choix simples qui soutiennent votre bien-être et celui de votre bébé. Il existe heureusement de nombreuses infusions sûres et délicieuses qui peuvent vous offrir ce moment de chaleur et de réconfort que vous méritez.
La modération est votre meilleure amie, et votre professionnel de la santé est votre meilleur conseiller. Explorez les saveurs avec discernement, savourez les moments de pause, et faites de votre maternité une période de bien-être et de sérénité, sans pression inutile.









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